Depuis les années 1960, le Western Spaghetti a conquis les cinéphiles du monde entier avec ses cowboys solitaires, ses duels épiques et ses paysages désertiques à couper le souffle.
Ce genre cinématographique, popularisé par des réalisateurs tels que Sergio Leone et Sergio Corbucci, a souvent été associé à des archétypes masculins forts et impitoyables.
Pourtant, derrière les silhouettes viriles et les colts fumants, les femmes ont progressivement gagné en visibilité, en complexité et en puissance narrative.
Dans les premiers westerns spaghetti, les femmes sont souvent reléguées à des rôles secondaires : prostituées, épouses ou victimes. Mais certaines figures marquent déjà une rupture.
Dans Pour une poignée de dollars (1964), Marianne Koch joue Marisol, une femme retenue prisonnière par des bandits.
Bien que son rôle soit passif, elle incarne une dignité silencieuse et une force morale qui influencent le héros.
Dans Il était une fois dans l’Ouest (1968), Claudia Cardinale incarne Jill McBain, une veuve déterminée à défendre sa terre.
Son personnage, central dans l’intrigue, incarne une femme forte, indépendante, et stratège.
La décennie 1970 marque un tournant. Le western spaghetti devient plus politique, plus sombre, et les femmes y gagnent en autonomie.
Dans Keoma (1976), Olga Karlatos incarne Lisa, une femme courageuse qui aide le héros à affronter une ville gangrenée par la violence.
Elle n’est pas une simple compagne, mais une résistante à part entière.
Dans le film "Mannaja" (1977) Martine Brochard incarne la femme forte et vengeresse du personnage principal.
Elle est déterminée à se venger de ceux qui ont causé du tort à sa famille et se révèle être une alliée précieuse dans la quête de justice de son mari.
Dans Jarretière Colt (La colt è la mia legge, 1971), Nicoletta Machiavelli incarne une héroïne armée, rare exemple d’un western spaghetti centré sur une femme justicière.
Le western spaghetti décline, mais les femmes continuent d’y apparaître dans des rôles plus variés, souvent dans des productions hybrides ou influencées par le genre.
Dans Impitoyable (Unforgiven, 1992), Frances Fisher incarne Strawberry Alice, une prostituée qui organise la vengeance d’une collègue mutilée.
Elle incarne une femme de tête, capable de mobiliser les hommes pour obtenir justice.
Dans Maverick (1994), Jodie Foster joue une joueuse de poker rusée et indépendante, dans un western comique qui revisite les codes du genre.
Le renouveau du western passe par la télévision et le cinéma indépendant, où les femmes occupent désormais des rôles centraux, nuancés et puissants.
Dans True Grit (2010), Hailee Steinfeld incarne Mattie Ross, une adolescente déterminée à venger son père.
Elle mène l’action avec une maturité et une intelligence remarquables.
Dans The Homesman (2014), Hilary Swank joue Mary Bee Cuddy, une pionnière solitaire qui traverse les plaines pour sauver des femmes internées.
Son personnage incarne la dureté et la solitude des femmes de l’Ouest.
Dans Godless (2017), Michelle Dockery incarne Alice Fletcher, une veuve métisse qui vit seule dans une ville peuplée uniquement de femmes.
Elle manie le fusil avec assurance et incarne une figure de résilience et de pragmatisme.
Dans The English (2022), Emily Blunt joue Cornelia Locke, une aristocrate anglaise venue venger la mort de son fils dans l’Ouest américain.
Son personnage, raffiné mais redoutable, incarne une féminité complexe, entre douleur intime et soif de justice.
En un demi-siècle, les femmes du western spaghetti sont passées de figures décoratives à héroïnes à part entière.
Elles ne sont plus seulement les muses ou les victimes des cowboys, mais des actrices de leur propre destin. Cette évolution reflète les mutations sociales et culturelles du XXe siècle, et continue d’inspirer les créateurs contemporains.
Le western spaghetti, longtemps bastion masculin, est devenu un terrain fertile pour explorer la puissance, la vulnérabilité et la complexité des femmes. Et à en juger par les dernières productions, l’avenir du genre s’écrira aussi au féminin.
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