SARTANA, LE MAÎTRE DU CRÉPUSCULE

Un héros plus rusé que brutal

Dans la galaxie poussiéreuse du western spaghetti, entre justiciers vengeurs et pistoleros sans foi ni loi, Sartana occupe une place à part. Ni spectre de la guerre comme Django, ni pistolero romantique, Sartana est un illusionniste du colt.

Un joueur d’échecs au regard d’acier, qui tire aussi vite qu’il manipule ses adversaires. Il est la version italienne d’un James Bond de l’Ouest, toujours un coup d’avance, toujours tiré à quatre épingles, même au milieu d’un bain de sang.

“Je ne tire jamais pour tuer… sauf quand je tire.”

Né sous les traits de Gianni Garko dans  "Si tu rencontres Sartana, prie pour ta mort" (1968), le personnage s’impose rapidement comme l’un des plus iconiques du genre.

Toujours impeccable, toujours ironique, Sartana tranche avec ses contemporains : il n’est pas un héros, mais un maître du jeu.

Un justicier joueur, gentleman... et tricheur

Ce qui différencie Sartana de la plupart des cowboys de l’époque, c’est son goût du bluff, de la mise en scène, du piège savamment orchestré. Là où d’autres foncent tête baissée, lui observe, calcule, prévoit.

Il n’a pas toujours une cause à défendre, mais une logique à suivre — la sienne, élégante et souvent amorale. Il peut aider une veuve un jour, et doubler une bande de hors-la-loi le lendemain. Ce n’est pas la morale qui le guide, mais un certain style.

Dans Je suis Sartana, ton bourreau (1969), il est accusé d’un braquage qu’il n’a pas commis. Il aurait pu fuir.

Mais non : il préfère piéger les vrais coupables un à un, avec un mélange de poker menteur, de répliques assassines et de mécaniques cachées dans ses armes.

Le spectateur ne sait jamais d’où sortira la prochaine balle. Ni le prochain sourire en coin.

“Je te donne cinq secondes… pour comprendre que tu n’en as plus que deux.”

Une saga culte du western italien

La série des Sartana compte cinq volets officiels, tous portés par Gianni Garko sauf un (remplacé par George Hilton dans Sartana dans la vallée des vautours).

Chaque film offre une nouvelle variation sur le même thème : une intrigue emberlificotée, un héros insaisissable, des trahisons à foison et des duels qui tiennent autant du théâtre que de la fusillade.

Mais ce qui charme, c’est surtout l’esthétique à part de la saga : costumes noirs, gadgets cachés, armes truquées, musique jazzy ou funky…

Sartana est à cheval entre le western et le film d’espionnage, quelque part entre Sergio Leone et Ian Fleming. Un cowboy moderne avant l’heure. Un gentleman flingueur dans un monde de brutes.

Héritage et réhabilitation

Longtemps considéré comme une curiosité du western européen, le personnage de Sartana est aujourd’hui redécouvert par une nouvelle génération de cinéphiles.

Les rééditions DVD et Blu-ray, les hommages dans des bandes dessinées ou jeux vidéo, ou même les clins d’œil de Tarantino à cet univers baroque ont permis au Maître du duel de ressortir de l’ombre.

Il y a du théâtre chez Sartana. Du masque, du mensonge, de l’élégance dangereuse. Il ne se contente pas de gagner : il veut humilier.

Pas par cruauté, mais par panache. Et même s’il n’est jamais là où on l’attend, une chose est sûre :

“Si Sartana entre en scène, c’est que quelqu’un va sortir les pieds devant.”

un magicien armé d’un sourire

Sartana n’est pas un cowboy comme les autres. Il ne traîne pas un cercueil, il ouvre des cercueils… pour y cacher un tromblon piégé ou des cartes truquées.

Il joue avec les attentes comme avec ses adversaires. Et dans un monde où la poudre et la trahison règnent, il conserve une chose que peu peuvent se permettre : le style.

À une époque où les héros sont ternes ou écrasés par la gravité du monde, Sartana reste une bouffée d’ironie, de précision et de théâtre sanglant. Et ça, c’est ce qui le rend inoubliable.

Sartana, plus qu’un nom

une légende en pellicule

Dans l’Ouest, il y a ceux qui dégainent vite… et puis il y a Sartana. Ni shérif, ni hors-la-loi, il incarne l’ombre entre les deux, là où la justice est un jeu de cartes, et la mort une signature élégante.

Cette galerie revisite les films de Sartana — mais pas comme une simple filmographie. C’est un autel visuel à sa grandeur : un hommage aux duels tordus, aux intrigues alambiquées, aux regards qui pèsent plus lourd que le plomb.

Chaque affiche capture l’âme de cette série culte, avec le raffinement d’un flingueur qui choisit ses balles comme ses mots : avec style. Redécouvrez Sartana, non pas comme un personnage… mais comme une énigme cinématographique dont chaque film est une balle gravée à son nom.